Témoignage de Danielle MORALI-DANINOS

Souvenirs de Danielle MORALI DANINOS : le 16, rue Eugène Robe à Alger

16 rue eugene robe png

Photo de l'immeuble du 16, rue Eugène Robe tel qu'il existe aujourd'hui

Merci Mr Gozlan pour cette photo du 16 rue Eugène Robe.
C’est effectivement à cette adresse que j’ai habité avec mes Parents et mon Frère jusqu’à notre départ pour Paris le 26 Janvier 1945.
Je me souviens comme si c’était hier de la rue car mes grands- parents Sayagh habitaient au n° 20 et nous connaissions tous les commerçants .Mon Frère et moi passions notre temps ,quand nous n’étions pas à l’école, au Square Nelson, avec son grand bassin, ses palmiers et ses bancs en marbre .
Notre appartement était au 1er étage au-dessus de l’entresol, donc en réalité au 2 ème étage. Avant les lois raciales, nous occupions tout l’étage et un des deux appartements était le cabinet de mon Père d’où  il soignait tout le quartier, dont tous les commerçants musulmans du marché juste en bas de chez nous.
Après les lois raciales, il a évidemment dû cesser son activité et je me souviens du jour où il a enlevé sa plaque devant la porte .il était juché sur une échelle et dévissait la plaque en pleurant et a ensuite joué La Marseillaise sur sa flûte entouré d’une foule du quartier.
Nous avons du rendre l’autre moitié de l’appartement mais nous y avons habité jusqu’à notre départ pour la France, avec notre Père, qui a du faire quelques différents métiers pour nous faire vivre, jusqu’au 8 Novembre où il a disparu, et après quelques semaines en prison ,il est parti rejoindre De Gaulle a Londres.
C’est un autre chapitre de sa vie dont je vous parlerai plus tard si vous le désirez.
Le 16 Rue Eugène Robe est devenu fameux ensuite car c’était un RV pour tous ceux de son groupe qui apportaient des armes a la maison.
Mon frère et moi nous souvenions très bien de ces hommes en manteaux noirs, qui passaient des armes à notre Mère, même si elle nous empêchait de sortir de la chambre, et que nous les entendions sonner à la porte  et nous les voyions à travers l’entrebâillement.
J’aurai d’autres souvenirs à vous raconter, quand on se rencontrera.

Alger bab el oued le square nelson 1

Le Square Nelson

Ce témoignage a pu être obtenu et publié grâce aux démarches incessantes de Monsieur Lucien Gozlan  qui nous raconte ici comment il a pu obtenir cette photo et rencontrer Madame Danielle MORALI DANINOS

Début mars 2019, je lance un appel sur le site  www.neababeloued.fr : 
"URGENT..!!!
Bonjour,
J’ai besoin d’une personne qui doit voyager à Alger dans les semaines prochaines.
J’ai besoin pour mon récit de quelques photos à Alger.
Il faut prendre en photo l’immeuble du 16, rue Eugene Robe à Nelson.
L’immeuble du 1, rue Feuillet qui est en haut d’El Kettani.
L’entrée du 7, place du Gouvernement
L’immeuble et l’entrée du 11 rue Bab Azoun.
L’immeuble du 1, rue d’Isly.
L’immeuble du 26, rue Michelet et son entrée.
L’immeuble du 30, rue Michelet et son entrée
La photo du garage Lavaysse au 38/40 rue Michelet
La photo de l’ancien Commissariat Central avec le cinéma Caméo qui était juste à côté sur la droite et derrière, le petit pont qui surplombait la voie ferroviaire et qui était une autre sortie du Commissariat Central et qui donnait sur la rampe Chasseriau.
Merci d’avance pour ce travail de mémoire
Lucien GOZLAN, 14 avenue de la Bouzaréa "

Quelques jours plus tard, je reçois un mail : " je m’appelle Jean Marc C...., j’ai habité au 16, rue Eugene Robe, en face du square Nelson à Bab el Oued, j’ai même une photo de mon immeuble....."

Mon appel a donc été entendu. Cette personne m’envoie même la photo du 16, rue Eugene Robe.

Dans le site de JUDAICALGERIA, je raconte le 8 novembre 1942 à Alger, l’Opération TORCH.

C’est une histoire sur la Résistance : dans la nuit du 7 au 8 novembre 1942, une poignée de résistants arrivent à maitriser la totalité des bâtiments publics civils et militaires, des officiers supérieurs sont arrêtés, des hauts fonctionnaires maitrisés dans leur fonction de maintien de l’ordre, des chefs de l’administration pétainiste de l’époque sont arrêtés au Commissariat Central du Boulevard Baudin.. 
Les Alliés débarquent à Sidi Ferruch et également à l’est d’Alger, au Cap Matifou.

Cette poignée de résistants auront eu l’audace, les armes à la main, au risque et péril de leur propre vie, pour permettre aux Alliés, Américains et Anglais, de débarquer à Alger sans combattre, à la surprise générale.

Je reçois de nombreux témoignages, j’ai retrouvé des survivants d’acteurs de ce 8 novembre 1942, des enfants m’écrivent " Il faut raconter l’histoire de nos parents...!!"

C’est Danielle MORALI-DANINOS qui m’envoie un mail : " Je suis la fille du docteur André MORALI-DANINOS, mon père était l’initiateur du groupe qui a neutralisé tout le secteur A, à partir du Commissariat de la rue Bruce.

Leur mission était d’investir la Caserne Pellissier, le Palais d’Hiver et l’Amirauté d’Alger.

Ces combattants de l’ombre avaient été réunis chez mes parents, au 16 rue Eugène Robe, où des armes leur avaient été distribuées.

Il me serait agréable de vous rencontrer, j’habite l’étranger, je serai aux environs de Nice fin avril 2019.

Je communique mes coordonnées, on se rencontrera dans un grand hôtel de Nice pour faire connaissance.

J’ai pris avec moi de nombreux documents, Madame MORALI-DANINOS est accompagnée de sa fille, j’ai la carte d’Alger, je raconte l'histoire de son papa, la rencontre va durer près de 2 heures.

De retour à Marseille, elle me permet de placer son récit sur le site de JUDAICALGERIE - Opération TORCH.

Un grand merci à la fille du docteur André MORALI-DANINOS pour son précieux témoignage.

 

Commentaires (1)

lucien GOZLAN
  • 1. lucien GOZLAN | 13/05/2019
Cette photo est super.
Pourquoi ?
Je reviens au vendredi 22 mars 1962, sur la photo qu' il y a un entresol au dessus des magasins.
C' est donc bien la confirmation de mon récit de cette journée du vendredi matin.

Il y a eu un mot d ordre le jeudi après midi 21 mars 1962 à bab el oued : RDV a la rue Eugène Robe, au jardin Nelson, sur les 2 cotés de la rue.
Moi, j'arrive de l avenue de la Bouzareah, no 14, je prends l' avenue de la Marne et je descends par la rue Lestienne vers le jardin. Je vois beaucoup de monde des 2 côtés, je reste sur ma droite, sous les arcades.
Peut- être, a hauteur de ce numéro, j'ai aperçu une patrouille de militaires, derrière moi, a hauteur de l' église St Vincent de Paul qui s'engageait au milieu de la rue.
Le 16 rue Eugène Robe, vous m avez déclaré, dans notre conversation au téléphone, ce numéro est bien face au jardin, ni avant, vers le lycée Bugeaud, ni après, vers le jardin Guillemin.
Il y a eu un coup de sifflet strident explosant le silence qui régnait dans cette foule anonyme.
La foule a fondu sur les militaires, certaines personnes ont récupéré leurs armes, d autres se sont réfugies dans des entrées d immeubles, d autres ont fuit vers Bab el Oued.
J' étais dans les premiers escaliers de l' entrée d un immeuble, derrière moi, 2 ou 3 personnes dont une pleurait de ce choc inimaginable, il y a eu au moins 2 explosions de grenades qui ont du être lancées sur des fuyards.
Tout était devenu silencieux, pas un seul bruit, nous avions peur de sortir sous les arcades.
Certainement que les locataires du premier, c'est à dire de l entresol, derrière leur porte d' entrée ont du entendre nos échos de voix dans la cage d'escaliers, une porte s est ouverte pour nous demander de monter au 2 ème étage, c'est à dire, au premier balcon de la photo.
On a frappe a une porte, les locataires nous ont ouvert et par une fenêtre, nous sommes passes sur une terrasse couverte maçonnée qui devait certainement recouvrir les magasins du dessous.
Cette terrasse nous a permis de nous rendre sur les immeubles qui donnaient sur l' avenue de la Marne, cote arcades.
Sur cette terrasse, il y avait pas mal de personnes, certains avaient les armes récupérées sur les soldats, beaucoup de personnes étaient au balcon cote terrasse couverte.
D'un ou deux balcons, il y a eu des cordes qui ont été lancées pour remonter ces armes, un copain de l'école de la rue Rochambeau, qui fréquentait le Café Riche, M...L..., me voit, me demande ce que je fais sur cette terrasse.?
On passe ensemble, cote avenue de la Marne, il est avec un copain que je ne connais pas.
Dans les escaliers pour redescendre, il me déclare : ''..Lucien, j ai dans la poche mon ordre de mobilisation, qu est ce que je fais.?...''
Je lui propose de placer son papier sous les escaliers et de sortir les mains dans les poches pour revenir plus tard le récupérer.
Moi, je tourne vers la droite, en direction du square Guillemin, à la fin de l arcade, il y a un militaire, j'ai une autre idée, je rentre dans une boulangerie, je prends une baguette, je la place sous mon bras et j ose m avancer vers le militaire.
Je ne suis pas arrêté mais il me lance des propos provocants.
Je fais semblant de ne pas entendre et je file chez moi.
L' après midi, c' était le grand chambardement.
Voila donc la preuve du témoignage du docteur MORALI DANINOS qui déclare le 8 novembre 1942 qu en cas de visite imprévisible, ''il s enfuirait par le toit ''.
Le témoignage de monsieur Paul MOLKHOU, qui a répondu présent au rassemblement dans la nuit du samedi soir au dimanche 8 novembre 1942, il m avait déclaré que le docteur habitait dans un appartement pas élevé.? au 16 rue Eugène Robe.
Jean Marc, si vous avez la possibilité de vous renseigner, il serait intéressant de savoir a quel étage habitait le docteur MORALI DANINOS.?
A bientôt de vous lire.
Dernière information dans la nuit du jeudi 21 mars 2019 de la fille du docteur MORALI DANINOS habitant aux USA.
Nous habitions au 2 étage du 16 rue Eugène Robe, au 1 er étage de cette rue.

Ajouter un commentaire

 

Date de dernière mise à jour : 27/05/2019