Témoignage de Henri Siksik
En 1943, j’étais âgé de 13 ans. Je venais d’être exclu du collège, de même que mes trois frère et sœurs, conformément aux lois de Vichy. Mon père et mes frères ainés se trouvaient également réduits au chômage.
C’est dire, que dans mon esprit, nos soucis familiaux se concentraient essentiellement sur nos besoins de subsistances.
Tout cela pour vous expliquer que mon récit risque de ne pas beaucoup vous aider.
Nous habitions au n°4 de la rue Vialar, au 4° étage, dont les balcons donnaient directement sur les fenêtres de la salle Géo Gras, située rue Juba, au 3° étage.
Désœuvré, j’ai pu observer l’activité qui y régnait, les allées et venues de gens sans aucune retenue. J’ai entendu des discours et des chants...Et lorsque je demandais autour de moi ce qu’il se passait en face, la réponse systématique était:” cela ne te regarde pas.Occupe toi plutôt de l’ opportunité de te faire inscrire à l’Alliance Israélite ,rue Bab-el-Oued, ou des cours seront dispensés par des professeurs eux-mêmes licenciés.”
Ce n’est qu’après le débarquement que j’ai compris. Et avec l’âge, je me demande encore comment cette activité, évidente pour tout le quartier, n’a jamais fait l’objet de contrôles de la police, pourtant si méfiante à l’encontre des juifs.
J’ai appris également que des membres de la famille, frères, cousins, ont fréquenté cette salle.Mais tous ne sont plus là.
Seul, Jacques Blay, mon beau-frère, pourrait vous en dire plus. Mais il habite Melbourne et nos relations téléphoniques sont difficiles étant donné son handicap auditif.
Je lui ai demandé de faire le récit, aussi détaillé que possible, de l’opération TORCH, telle qu’il la vécue.
Je souhaite que ses souvenirs soient encore assez précis pour être relatés.